Ceci est un livre sur l’ordre et le désordre sexuel, le pouvoir et son irréductible vis-à-vis (je cite Foucault), l’institution et la destitution d’une forme de vie, qui est la nôtre. Cette réflexion sur ce que l’auteur de Salo appelle « nouveau fascisme », la « mutation anthropologique » qui fait du sujet sexuel la figure contemporaine de notre propre gouvernement, se nourrit à deux sources, notamment Michel Foucault et Pier Paolo Pasolini; il se peut que celui-ci soit d’une plus grande cruauté que les régimes traditionnels.
Comme souvent chez nos deux auteurs, le texte est dissensuel, à contre-courant, pas dans l’air du temps; la lecture a un effet de choc, celui de bousculer les évidences : il force à penser, ce qui est déjà une immense qualité philosophique. On n’a pas besoin d’être d’accord sur tout mais de se permettre (ou de ne pas de s’interdire) de se poser des questions, qu’il faut dire litigieuses, telles que la légitimité d’un codage de l’érotisme par le droit, ou l’intérêt pour un « féminisme d’émancipation » de se reporter sur le traitement répressif des violences sexuelles ou, pour reprendre le terme des auteurs, des « abus de pouvoir ».
Ce livre nous interpelle par son sujet qui nous parle à toutes et à tous. Car, en tant que gouvernés, nous sommes, toutes et tous, des sujets supposés avoir « une sexualité », à mettre en mots et en actes.
Par la violence du geste de l’arrachement à notre propre attachement à l’ordre établi, rendu possible par son travail critique, ce texte qui pose des questions qui fâchent, est un exercice de notre capacité à nous soustraire à l’emprise du pouvoir et de donner libre cours à l’ingouvernable.
ΑΣΥΜΜΕΤΡΙΑ 
Discussion
Pas encore de commentaire.